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Comprendre et combattre la polycrise
Comprendre la crise géopolitique | Résumé pour les décideurs
| Pour combattre la polycrise, se libérer de la tyrannie de la sidération géopolitique par l’action pour l’autonomie stratégique
Notre monde est confronté à la simultanéité inédite de conflits de plus en plus enchevêtrés, où l’usage désinhibé de la forcé armée et la généralisation des stratégies hybrides s’imposent. Dans ce contexte, l’Europe, longtemps bénéficiaire d’un système fondé sur le droit et les alliances, doit faire face à la brutalité idéologique, économique et militaire d’acteurs hostiles, mais aussi à ses faiblesses structurelles et à son impréparation.
L’ordre international libéral bâti depuis 1945 s’effrite. Le Conseil de sécurité des Nations-Unies est paralysé, les traités sont contestés. Cette érosion des normes et des mécanismes de régulation survient alors que les interdépendances économiques et écologiques globales s’intensifient et que les chocs systémiques se multiplient. L’équilibre entre règles partagées et interdépendances s’effondre, ouvrant la voie à une compétition de puissance sans garde-fous ni règles du jeu.
Dans cet environnement déstabilisé, l’Europe connaît un recul stratégique rapide faute de pouvoir élaborer, entre États membres, des politiques ambitieuses et communes en matière diplomatique, militaire et industrielle. Sa sécurité devient multidimensionnelle (militaire, énergétique, sociétale, cognitive) et doit être inscrite dans une approche où les menaces proviennent de l’ensemble des flancs extérieurs de l’Europe mais aussi en son cœur.
A l’Est, la Russie a opté pour une confrontation durable avec l’Occident, lui menant une guerre totale qui vise notamment sa cohésion politique et sociétale. Cette approche, combinée à la violence armée dont le Kremlin fait preuve en Ukraine, élève la menace russe au rang de phénomène existentiel pour les pays européens. La Russie intensifie les cyberattaques, les actions clandestines et les manipulations informationnelles. La France, en raison de son rôle en Europe et des outils qu’elle détient, est particulièrement ciblée.
A l’Ouest, les États-Unis subissent une transformation politique majeure. D’allié structurant, l’Amérique de Donald Trump devient une puissance imprévisible et de plus en plus hostile à nos intérêts européens. Porté par une rhétorique dominatrice et identitaire, un régime autocratique émerge : Les alliances vacillent, les institutions internationales sont attaquées, les partenaires sont menacés : une divergence stratégique avec l’Europe s’est créée. Elle semble durable et difficilement réversible.
Parallèlement, la montée en puissance d’une Chine militarisée et prédatrice ajoute une dimension systémique supplémentaire. Fondée sur la domination technologique et économique, une offensive informationnelle sophistiquée et une influence croissante dans les institutions internationales, sa stratégie réduit les marges de manœuvre d’une Europe qui tend à perdre la maîtrise des chaînes de valeurs de son économie dans des domaines critiques comme l’énergie.
À cela s’ajoute, sur le flanc sud de l’Europe, la transformation rapide de régions, dont nous peinons à appréhender l’évolution et leurs conséquences pour des transformations miroirs en Europe. Jusqu’au Proche Orient inclus, la recomposition politique et sociale de l’arc méditerranéen et sahélien s’accélère. Des tensions identitaires, économiques et sécuritaires s’y accumulent et nous impactent. Le scénario d’un effet domino, difficile à maîtriser, pourrait mener à l’émergence d’un espace de non-droit aux portes du continent.
Face à cette brutalisation de son environnement, l’Europe se retrouve face à une bifurcation historique. Deux options se dessinent : subir la fragmentation et le déclin, ou engager une refondation stratégique lucide et concertée sur la base d’une prise de conscience la plus large possible.
L’autonomie stratégique n’est plus une option possible, mais une nécessité. Les alliances se délitent, les dépendances industrielles et les menaces militaires s’accentuent. L’Europe doit abandonner sa posture réactive et adopter une stratégie d’initiative, y compris en y intégrant une logique du rapport de force. Cela suppose une vision géopolitique concertée prenant en compte les enjeux spécifiques aux différentes régions, l’établissement de priorités partagées, une mobilisation budgétaire cohérente et une coordination intelligente des souverainetés nationales pour faire corps et espérer pouvoir défendre l’Europe, les européens et ses valeurs.
La souveraineté est aussi cognitive et démocratique. Construire une culture commune de résilience devient crucial. La lutte contre les ingérences visant nos démocraties, l’action déterminée contre la criminalité organisée et des fissures sociétales qu’elle produit, deviennent des enjeux existentiels pour la stabilité intérieure. Ils exigent une approche inclusive et sans ambiguïté, qui associe institutions, société civile et acteurs économiques.
pourquoi la crise géopolitique est-elle un crise systémique ?
La crise géopolitique se traduit par un affaiblissement inédit des structures multilatérale qui organisent le monde depuis 1945. Les normes internationales vacillent, les alliances se disloquent et les régimes autoritaires exploitent la fragmentation des démocraties. La guerre, sous ses formes militaires, économiques et informationnelles, redevient un instrument de puissance. Les interdépendances jadis garantes de paix se muent en armes de coercition.
Dans ce brouillage général, sécurité, économie, climat et technologie s'enchevêtrent pour former une matrice unique de vulnérabilité globale. L’Europe, confrontée à la désagrégation du lien transatlantique et à la montée des puissances prédatrices, découvre la fragilité de sa souveraineté. La frontière entre guerre extérieure et déstabilisation intérieure s’efface, alimentant la brutalisation du monde.
Cette crise ne se résoudra ni par la nostalgie de la force ni par le repli : elle exige la refondation d’un ordre fondé sur la résilience, la lucidité et l'autonomie stratégique.
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quelle rôle joue la crise géopolitique dans la polycrise ?
La crise géopolitique irrigue toutes les autres : elle déstabilise les économies, freine la transition écologique et fracture nos sociétés.
Elle impose ses logiques de puissance aux marchés, aux ressources et aux imaginaires collectifs.C’est le cœur battant de la polycrise — celui qui en dicte le rythme et en amplifie les secousses.
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Comprendre la crise géopolitique
Hologramme de la polycrise
« Risquant l’illusion stratégique dans la relation transatlantique, l’Europe pourrait se laisser marginalisée par la brutalisation du monde »
Entretien avec Elie TENENBAUM
« La Russie, qui représente une menace stratégique croissante pour l’Europe, va vers un système toujours plus soviétique »
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« La crise du multilatéralisme est unphénomène central de la polycrise, qui en est tout à la fois le miroir et le moteur »
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« La Chine ne vise pas une coexistence pacifique dans un monde multipolaire mais une centralité stratégique par la technologie »
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« L’Europe fait face à une transformationstructurelle de son flanc Sud dont elle ne comprend pas les forces motrices »
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« L’Europe sous-estime la guerre hybride, pourtant elle fracture déjà nos sociétés sans jamais être déclarée »
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« Sans clarté institutionnelle, l’autonomiestratégique - et donc la souveraineté des Européens - restera un mirage »
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« Notre effort capacitaire doit fairel’objet d’un alignement plus rigoureux avec nos intérêts de sécurité et nos ambitions »
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« Le risque d’une hybridation entre criminalitéorganisée et contestation politique nécessite de traiter la criminalité
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