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Polycrise | Le colloque

« La crise de l’eau symbolise la polycrise car ellerelie toutes ses dimensions écologiques, géopolitiques et socio économiques. La réponse ? Une hydrologie stratégique » alerte Emma HAZIZA

Entretien réalisé par Laurence MONNOYER-SMITH et Charles-Auxence TELLE, Senior Fellows au sein de l'Institut Open Diplomacy.

Laurence MONNOYER-SMITH est également Co-Présidente de l'Institut Open Diplomacy.

Emma Haziza, hydrologue etprésidente du Mayane Resilience Center,met en garde : la crise de l’eau n’est plus un enjeu sectoriel – elle est devenue la matrice de la polycrise. Ressource vitale, commune, stratégique, l’eau conditionne l’extraction des métaux critiques, l’équilibre des systèmes agricoles, la stabilité sanitaire et le fonctionnement des chaînes industrielles. Son absence déplace des frontières, déstabilise des régimes, fracture les sociétés. L’Europe reste aveugle à cette bascule, faute d’avoir placé l’hydrologie au cœur de sa stratégie de développement économique. Les points de rupture s’accumulent – sécheresses éclair, conflits d’usage, inefficacité des réponses technocratiques. Sortir de cette impasse suppose une réelle bifurcation stratégique : repenser l’aménagement, la transition et la puissance publique à partir du cycle de l’eau.

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Quelles sont, selon vous, les ressources les plus critiques dans la décennie à venir ?

La ressource en eau est le socle fondamental de toutes les autres ressources. Elle est nécessaire pour extraire du pétrole, du lithium, pour l’activité minière, agricole, industrielle. Il n’existe pas d’activité humaine « sèche » : toute ressource passe par un usage de l’eau, qu’elle soit superficielle ou souterraine. Ce qui rend l’eau centrale pour comprendre les tensions autour des autres ressources.

Un exemple frappant est celui de la Chine en 2021 : une sécheresse sur la rivière des Perles a mis à l’arrêt les barrages hydroélectriques, fermant les usines deux jours par semaine, affectant la chaîne d’approvisionnement mondiale. Pour compenser, la Chine a importé du gaz naturel liquéfié depuis le Qatar, n’ayant pas de pipeline européen actif à cette période. Cela a précipité leur rapprochement stratégique avec la Russie pour réorienter les gazoducs russes vers la Chine.

Autre exemple : le fleuve Silala entre la Bolivie et le Chili. Initialement détourné par la Bolivie vers le Chili pour l’extraction du lithium dans le désert d’Atacama. Après trois années de sécheresse, la Bolivie demande à récupérer l’eau pour ses propres besoins. Le différend est aujourd’hui devant la Cour de La Haye.

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Avez-vous observé une montée des tensions géopolitiques ou territoriales autour de ces ressources ?

Oui, mais de manière diffuse. Exemple : en 2022, l’Inde a cessé d’exporter son blé à cause d’une canicule à 52°C. Cette décision, combinée à la crise du blé ukrainien, a affecté l’approvisionnement de nombreux pays (Maroc, Tunisie, Algérie), très dépendants de ces importations d’« eau virtuelle » (i.e. l’eau contenue indirectement dans les produits agricoles).

Ces tensions sont réelles, mais chaque pays gère encore à son échelle. Il y a une absence flagrante d’anticipation globale. Contrairement à 1988, où la Chine avait acheté massivement du blé à l’international pour nourrir sa population, aujourd’hui très peu d’États anticipent ce type de choc.

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La mission satellitaire GRACE-FO de la NASA et de l’Agence spatiale allemande a montré que 75 % des nappes phréatiques mondiales sont surexploitées. Certaines nappes fossiles ne se rechargeront jamais (ex : Middle West américain = 2 700 ans de pluie nécessaires). En 20 ans, l’axe de rotation de la Terre s’est déplacé de 80 cm vers l’est à cause de ces extractions massives !

Sur cette crise de l’eau, qui est à la confluence entre crise écologique et crise géopolitique, quels signaux faibles pourraient indiquer un basculement vers des conflits ouverts ?

L’ensemble des chaînes de production alimentaire et textile (ex : fast fashion et coton) repose sur des détournements massifs d’eau dans des zones arides. L’exemple de l’Ouzbékistan, avec le détournement de l’eau des fleuves de la mer d’Aral par Staline pour cultiver le coton, est emblématique : aujourd’hui, ce territoire est en crise hydrique majeure. On continue pourtant à en dépendre pour notre consommation textile mondiale.

Depuis 2017, les sécheresses s’aggravent, mais les excès ponctuels d’eau (rivières atmosphériques, El Niño) masquent la profondeur du phénomène. On observe désormais des « sécheresses éclair », avec des bascules de situation en quelques jours. En France, par exemple, un printemps pluvieux suivi de 15 jours de canicule a suffi à provoquer une sécheresse pire que l’année précédente. Ces changements ne sont pas anticipés par les pouvoirs publics ni les entreprises. C’est ce manque de préparation qui pourrait déclencher les tensions.

Comment qualifieriez-vous la position actuelle de la France et de l’Europe dans la géopolitique des ressources critiques ?

La France avance puis recule. L’exemple des « bassines » est symptomatique : on prélève de l’eau de nappes protégées pour la stocker dans des retenues à l’air libre, favorisant la prolifération de bactéries, la perte de biodiversité, des risques sanitaires (salmonelles, algues toxiques) et des conflits d’usage. Ce système est inefficace, et pourtant financé publiquement, parfois en contradiction avec les décisions préfectorales.

Faut-il accélérer la diversification des sources, les partenariats stratégiques, ou la relocalisation des chaînes d’approvisionnement ?

Oui, mais cela suppose de repenser la planification à partir de l’eau. Il faut intégrer l’hydrologie satellitaire dans la stratégie nationale. Les pays qui maîtriseront cette technologie domineront demain la diplomatie de la résilience. Le pilotage par la donnée, croisée avec les systèmes d’alerte hydrologique (GRACE-FO, SWOT), est fondamental.

La crise de l’eau articule parfaitement crise écologique et crise économique. Dans ce contexte, comment gérer la tension entre besoins industriels massifs pour la transition et dépendances géopolitiques ?

Les systèmes d’anticipation actuels sont obsolètes. On continue à investir dans des sites industriels sans prendre en compte la ressource en eau disponible. On a vu des entreprises françaises s’implanter en Inde dans une zone déjà totalement asséchée. L’eau est livrée par camion-citerne 15 à 20 fois par jour. Certains agriculteurs préfèrent vendre leur eau que leurs récoltes. Sans stratégie de restauration des nappes et gestion écosystémique de la ressource, on ira dans le mur.

Cette crise de l’eau est à l’interface entre crise écologique et crise politique : quelles formes de compétition ou de conflit voyez-vous émerger sur les territoires ?

La crise des bassines est très symptomatique. Son émergence s’inscrit dans un contexte historique particulier. En 1976, la France subit une sécheresse historique. Chirac impose un impôt sécheresse, mal reçu par les Français. Depuis, un dispositif prévoit l’interdiction de l’irrigation en période de crise, sauf si on est connecté à un lac ou une retenue collinaire

À partir de 2015–2016, la sécheresse devient structurelle (2017–2023 = 90% du territoire en alerte). Les agriculteurs se retrouvent à court d’eau et cherchent des solutions. Ils prélèvent l’eau souterraine en hiver (période autorisée) et la stockent dans des poches, pour l’utiliser en été.

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Mais cette logique détourne l’eau avant qu’elle ne recharge les rivières. Résultat : des assecs plus rapides, une extinction de biodiversité locale, un développement d’algues, de cyanobactéries, de salmonelles. Les bassines deviennent inefficaces en 3 à 5 ans, coûtent cher à entretenir.

Elles privatisent l’accès à l’eau. Certains agriculteurs bio n’y ont pas droit. Cela fracture les territoires. Elles ont un autre effet : la prolifération du moustique tigre, car les bassines stagnantes créent des niches à moustiques, sans prédateurs naturels.

Pour faire face à cette double crise écologique et politique, quels outils ou dispositifs pourraient améliorer l’arbitrage démocratique de ces conflits d’usage de l’eau ?

Des solutions locales fonctionnent : créer des bourrelets tous les 5 m pour augmenter l’infiltration, alléger les engins agricoles pour éviter le tassement des sols, remettre de la matière organique. Certains agriculteurs des Hauts-de-France le font, et n’ont pas souffert des sécheresses.

Ces techniques ne sont toutefois pas généralisées. L’État finance des bassines inefficaces, parfois contre l’avis des préfets. Il faut une stratégie cohérente, qui parte du sol et de la topographie, et qui investit dans les bonnes pratiques.

Pour faire face à la crise de l’eau, le concept de « sobriété en ressources » vous semble-t-il mobilisable à grande échelle ?

Je suis désolée, mais « sobriété » est devenu un mot-valise. Tout le monde en parle, mais ça ne veut plus rien dire. Ce qu’il faut, ce sont des stratégies concrètes et différenciées. Par exemple :

● La réutilisation des eaux usées : Israël a 20 ans d’avance, a testé 600 méthodes, en a gardé 20. En France, ça reste marginal, trop coûteux, mal adapté (problèmes sanitaires sur les golfs, échecs sur l’arrosage).

● La désalinisation : ça marche si l’économie le justifie (ex : Chili pour le lithium), mais c’est énergivore, destructeur de biodiversité (méduses, produits chimiques, perturbation des chaînes trophiques).

● L’ensemencement des nuages (Maroc, Dubaï) : on disperse du iodure d’argent, neurotoxique, dans l’atmosphère. Ça pose des questions sanitaires graves.

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Toutes ces « solutions magiques » ont des limites. Il faut une réflexion stratégique systémique, pas des slogans.

Autour de cette crise de l’eau, comment s’agence les grands pans de la polycrise ?

Tout est lié : climat, santé mentale, agriculture, social. La vapeur d’eau est le gaz à effet de serre numéro un. Mais on n’en parle pas. L’évaporation massive (due à l’irrigation, au béton, au bitume) augmente les canicules. En 2022, on a eu 64 000 morts en Europe, 5 000 en France. En 2023 encore 46 000. Et pourtant, il n’y a aucune stratégie publique nationale de prévention.

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Les îlots de chaleur aggravent tout : santé mentale, suicides (Santé publique France montre une corrélation directe entre température et taux de suicide). Les 25 Mds € de coûts dus aux excès de chaleur (2015–2020) auraient pu servir à aménager les villes, ventiler les bâtiments, anticiper. Mais on n’a pas cette vision. L’adaptation n’est pas pensée de manière systémique.

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Quels risques systémiques vous paraissent encore mal pris en compte dans la planification actuelle ?

De nombreuses ressources vont manquer, mais l’eau est la plus critique. Or l’eau atmosphérique représente 12 000 km³ - c’est très peu. Deuxièmement, les nappes profondes s’épuisent car les sécheresses éclairs se multiplient. Troisièmement, le réchauffement s’accélère, l’évapotranspiration augmente. Enfin, le lien nappe-sol-humidité est ignoré alors même que la fertilité des sols dépend des nappes. On vit dans une illusion d’abondance. Mais les signaux faibles s’accumulent.

Peut-on concevoir un modèle de transition fondé sur la coopération plutôt que la compétition pour les ressources ?

Oui, à condition de sortir des silos. Je plaide pour une « hydrologie stratégique » pilotée par satellite (GRACE, SWOT), articulée aux stratégies économiques, sociales et de santé et appuyée sur des solutions locales (villes éponges, infiltration, végétalisation, restauration des cycles naturels). Pour la déployer, il faut une vision partagée. Il faut oser faire un « plan » et relier les disciplines : hydrologie, urbanisme, climat, psychiatrie, agriculture.

Dans ce contexte, quel rôle voyez-vous pour l’Etat face à la crise de l’eau, qui est une véritable crise systémique ?

L’État doit fixer un cap lisible et structurant, sortir des contradictions internes (ex. financement des bassines par l’État contre arrêtés préfectoraux interdisant leur usage). Il doit appuyer les initiatives locales efficaces, éviter la technocratie déconnectée, favoriser une gouvernance horizontale appuyée sur la réalité du terrain. L’absence d’un « État protecteur » dans la gestion de l’eau alimente un sentiment de trahison chez les citoyens.

Il faut également décloisonner les agences, ministères, services techniques (BRGM, AFD, Cerema) qui fonctionnent encore trop en silos. Beaucoup produisent de la donnée mais ne la mettent pas en application. Il faut des plateformes inter-opérationnelles pour traduire les rapports en actions. Le modèle à viser, c’est une hydrologie stratégique, capable d’anticiper les risques via les données spatiales, de porter une politique concrète d’investissement et d’aménagement.

Enfin, il faut associer les entreprises, les collectivités et les citoyens à la « hydrologique stratégique » par des logiques de co-construction locale : diagnostics de vulnérabilité, programmes territoriaux de résilience, implication directe des assureurs et des banques dans la réduction des risques (ex : adaptation = réduction du risque client). Cela suppose une pédagogie active, de la transparence, et un récit commun. Il faut décloisonner science, technique, politique, et remettre l’humain au cœur de la décision publique.

Quelle recommandation prioritaire formuleriez-vous pour anticiper ou désamorcer les tensions liées aux ressources dans les années à venir ?

Faire de l’eau le référentiel central de toutes les politiques publiques : énergie, urbanisme, santé, agriculture, commerce. L’eau permet une lecture systémique des interdépendances et des vulnérabilités. Elle révèle les tensions invisibles, les fragilités d’approvisionnement, les fractures sociales, sanitaires, économiques.

Au fond, il faut urgemment croiser les disciplines, financer la régénération des écosystèmes, anticiper les bascules hydriques par satellite, construire une gouvernance distribuée, protectrice et lisible, valoriser les solutions locales, reproductibles à l’échelle et former les décideurs à une culture de l’interdépendance. Sans cela, les tensions autour des ressources vont s’intensifier brutalement d’ici cinq ans.

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