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JEUNES LEADERS
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L’élection polonaise, un miroir des futurs enjeux électoraux en Europe ?

Christophe Rodrigues, Senior fellow de l'Institut Open Diplomacy

· Développement,Economie,Europe,Union européenne

Le 1er juin 2025, le candidat nationaliste-populiste, Karol Nawrocki, soutenu par le parti Droit et Justice (PiS), a été élu d’une courte majorité président de la République de Pologne. La presse européenne et notamment française a analysé cette victoire comme un revers pour le gouvernement dirigé par le Premier ministre centriste pro-européen Donald Tusk. Même si les prérogatives constitutionnelles du président en Pologne sont limitées, la défiance de Nawrocki envers les institutions européennes pourrait fragiliser le rôle que Donald Tusk s’efforce de jouer dans le triangle de Weimar entre la France et l’Allemagne. De manière plus large, quels enseignements peut-on tirer de cette élection sur le fonctionnement de la démocratie dans l’Union européenne.

Le choix d’un président populiste malgré de bonnes performances économiques
De bons indicateurs macroéconomiques n’empêchent pas l’élection d’un candidat populiste

L’élection de Nawrocki tout comme l’implantation longue dans le paysage politique polonais du parti populiste PiS mettent à l’épreuve la rationalité économique.

Depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004, les performances macroéconomiques de la Pologne sont très bonnes. Ainsi, le taux de croissance du PIB de la Pologne a été supérieur à celui de la moyenne des pays de l’Union européenne (UE) depuis deux décennies. En parité de pouvoir d’achat, le PIB par habitant polonais est passé de 51 % de la moyenne des pays de l’UE en 2004 à 79 % en 2022. Les indicateurs de l’emploi sont également meilleurs qu’au moment de l’intégration : alors qu’il y avait plus de 20 % de chômeurs en Pologne au moment de son adhésion à l’UE, le taux de chômage s’établit à peine à 5,5 % des actifs en 2025.

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Cette croissance de rattrapage découle principalement de l’effet d’entrainement du marché unique européen, de l’insertion du système productif polonais dans les chaines de valeurs des grands groupes industriels de l’UE et de la remontée progressive en gamme des entreprises domestiques grâce aux transferts européens. La Pologne a contribué à hauteur de 86 milliards d’euros de versements auprès de l’Union depuis 2004 alors qu’elle a reçu 261 milliards d’euros de revenus de transfert dans le même temps (ratio de 3 pour 1). En outre, en 2021, un accord de partenariat spécifique UE – Pologne a été signé (Together for Poland and Europe) prévoyant un transfert supplémentaire de 76,5 milliards d’euros étalé sur 6 ans afin de promouvoir la transition écologique et la sortie de la dépendance aux énergies fossiles du système énergétique polonais.

L’élection de Nawrocki portée par la jeunesse péri-urbaine masculine peu diplômée

Malgré l’amélioration de la situation matérielle moyenne des polonais, lors de l’élection présidentielle, on a assisté à nouveau à une forte polarisation de la demande politique sur la base d’un clivage « modernité – ouverture sur l’Europe et l’international » d’un côté, « populisme – repli national et souverainisme » de l’autre. Les électeurs urbains, diplômés et plutôt féminins ont majoritairement voté contre le nouveau président populiste, tandis que ce dernier est sorti majoritaire dans les zones rurales, porté notamment par le vote des électeurs jeunes, masculins et peu diplômés. Comme le souligne Jan Radomski dans le Monde diplomatique, “la frontière entre les électorats des deux candidats recoupe pour beaucoup celle qui sépare les gagnants et les perdants de la période” post-communiste.

Ces résultats ont des explications locales mais sont aussi révélateurs d’une transformation structurelle de l’espace politique commun à de nombreux pays d’Europe

Le résultat de ce vote est révélateur de la nouvelle structuration de l’espace politique entre deux modèles antagonistes. On retrouve d’un côté un modèle républicain qui s’efforce d’articuler les valeurs démocratiques avec l’ouverture au monde et la modernité ; et de l’autre, un modèle populiste au sens de Pierre Rosanvallon, autoritaire, qui utilise les urnes pour affaiblir la démocratie et qui promeut un repli sur les communautés et les valeurs réactionnaires. Il existe au moins trois catégories de facteurs qui s’articulent et conduisent à la montée du second modèle dans la société polonaise.

Le creusement des inégalités entre régions au sein du pays

Les bons chiffres économiques masquent de grandes disparités. Les transferts de revenu en provenance de l’UE et le sentier de croissance économique de la Pologne ont accompagné une hausse des inégalités interrégionales. Par exemple, les régions proches de Varsovie et à l’ouest du pays ont bénéficié d’un effet de richesse positif bien supérieur à celles de l’est. Un rapport de l’OCDE pointe qu’en 2022, le PIB par habitant dans les régions les plus riches (Mazovie, Silésie) de Pologne est 2,2 fois plus élevé que dans les régions les plus pauvres à l’est du pays (Lubelskie, Podalskie). Pire, depuis l’entrée du pays dans l’UE cet écart est resté constant et a même parfois augmenté. D’autres indicateurs traduisent aussi cette tension inégalitaire. Par exemple, le graphique 2 (ci-dessous) met en lumière les écarts régionaux de bien-être en Pologne selon un indicateur dit « community » qui mesure le pourcentage de personnes qui déclarent avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin. Ainsi, dans la région riche de Pomorskie, le nombre de personnes sur qui compter se situe au niveau des régions de l’OCDE avec une meilleure vie communautaire ; en revanche, dans 4 régions polonaises (à l’est du pays) l’indice de vie communautaire est très dégradé, au niveau des régions de l’OCDE les moins bien classées.

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Ce phénomène de polarisation est aggravé par la politique fiscale polonaise. Celle-ci est en effet peu progressive et les politiques de transfert sont également peu redistributives. La répartition des revenus primaires n’est pas fondamentalement modifiée par les revenus de transfert à destination des populations rurales et périurbaines. L’écart de l’indice de Gini avant et après redistribution est de 5,3 points en Pologne en 2023, contre près de 8 points dans la moyenne des pays de l’UE. Pire, entre 2004 et 2024, les inégalités de revenu disponible ont progressé en Pologne. L’indice de Gini après redistribution est passé de 0,28 à 0,34 notamment du fait des réformes fiscales (tax cut du Polish deal sous les gouvernements du PiS) qui ont davantage pénalisé les habitants des zones rurales et péri-urbaines.

Les institutions politiques polonaises sont fortement extractives

Au-delà de la situation économique, la probité des élus polonais pose question. En Pologne, les institutions politiques peuvent être considérées comme extractives au sens de la typologie proposée par Daron Acemoglu et James Robinson en 2012 en ce sens qu’elles concentrent le pouvoir dans les mains d’un petit groupe oligarchique qui gouverne dans la défense de ses propres intérêts.

Ainsi, durant les deux mandats du parti Droit et Liberté (PiS) entre 2005 et 2007 puis entre 2015 et 2023, les élus du PiS ont mis en œuvre des réformes afin d’affaiblir l’indépendance de la justice et renforcer leur contrôle sur les médias.

Le programme politique de Nawrocki comme son parcours personnel font état de faits délictueux (implication du nouveau président dans plusieurs affaires judiciaires, proximité avec le milieu du banditisme polonais, etc.).

Dans des travaux récents, l’économiste polonaise Danuta Tomczak montre que les élus du PiS ont surfé sur les inégalités régionales et l’euroscepticisme pour s’assurer le vote populaire masculin dans les régions rurales tout en produisant justement, par des réformes fiscales, ce creusement inégalitaire. Ce processus est renforcé par la faiblesse des instances politiques intermédiaires dans le pays (syndicats, associations) et par la fragilisation de la presse ce qui alimente le despotisme démocratique.

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La situation électorale polonaise fait écho à la montée d’une défiance institutionnelle dans les différents pays de l’Union liée à une insatisfaction croissante. Depuis les travaux de Pierre Bréchon sur les valeurs des européens, nous savons que les citoyens de l’UE se départagent entre Europe du Nord et de l’Ouest d’une part, caractérisée par une forte individualisation (autonomie individuelle, libéralisme culturel, confiance dans les institutions) et un faible individualisme, tandis que d’autre part, les citoyens de l’Europe du Sud et de l’Est font preuve d’un fort individualisme (repli sur soi et/ou sur la communauté familiale ou religieuse, défiance envers les institutions publiques).

Un rapport de 2025 du CEPREMAP sous la responsabilité de Yann Algan montre par exemple qu’il existe en Europe une montée de « l’insatisfaction dans la vie » nourrit par :

  • une dégradation des conditions matérielles d’existence d’une part importante de la population ;
  • un ressentiment croissant face aux injustices ;
  • une anxiété grandissante face au futur et à « l’extérieur » (écologie, immigration, mondialisation).

Cette insatisfaction conduit au repli sur soi et à une défiance croissante non seulement envers les institutions notamment européennes mais aussi envers les autres citoyens.

Une dégradation des conditions d’existence à prendre au sérieux pour redessiner le projet politique européen

Les aspirations légitimes des citoyens polonais (vivre mieux autant pour soi que pour ses proches) reposent sur un besoin d’information et d’éducation citoyenne dans un pays où les médias rencontrent des difficultés croissantes à se faire entendre et où la désinformation vis-à-vis de l’Union européenne est forte. Plus que jamais, une des réponses réside dans la lutte contre l’idéologie des “vérités alternatives” qui explosent via les algorithmes des applications en ligne : “les instruments technopolitiques”.

De même, les élus doivent prendre au sérieux la dégradation des conditions d’existence. Selon le principe de la frontière négalités possibles énoncé par Branko Milanovic, lorsqu’un pays est pauvre, les inégalités en son sein sont nécessairement contenues ; lorsqu’il devient plus riche, ces inégalités peuvent croître et sont alors perçues comme injustes par celles et ceux qui les subissent le plus. En d’autres termes, il sera impossible de combattre efficacement le populisme ni de permettre aux catégories les plus fragiles des citoyens d’embrasser le projet démocratique européen tant que le sentiment d’injustice dominera et que leur avenir sera perçu comme dégradé et surdéterminé.

Nous avons besoin d’un récit et d’un projet politique qui fasse sens pour les citoyens de l’Union et qui s’articule avec des progrès dans les conditions d’existence des populations. Cela passe nécessairement par des choix politiques qui permettent de contenir les inégalités et/ou de les compenser surtout lorsque les populations les moins bien dotées et les plus exposées aux risques sont mises à l'épreuve comme à l’occasion de la mis en place d’une taxe carbone ou d’une ouverture des marchés à la concurrence internationale par exemple. Sans cela, l’idée que l’UE profite aux élites et non aux citoyens continuera de nourrir les discours populistes et leur victoire dans les urnes. A ce titre, les choix électoraux récents de la société polonaise sont inquiétants mais sont aussi riches d’enseignement !


Les propos tenus dans cet article n'engagent pas la responsabilité de l'Institut Open Diplomacy mais uniquement celle de leurs auteurs.

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