• | Accueil
  • | Nos activités 
    • • Nos jeunes leaders
    • • Nos événements
    • • Nos publications
  • | Nos actualités
  • Polycrise 
    • 31/10 - Colloque au Sénat
  • | À propos 
    • • Notre mission
    • • Notre gouvernance
    • • Nos experts
    • • Nos partenaires
  • …  
    • | Accueil
    • | Nos activités 
      • • Nos jeunes leaders
      • • Nos événements
      • • Nos publications
    • | Nos actualités
    • Polycrise 
      • 31/10 - Colloque au Sénat
    • | À propos 
      • • Notre mission
      • • Notre gouvernance
      • • Nos experts
      • • Nos partenaires
Polycrise | Le colloque
  • | Accueil
  • | Nos activités 
    • • Nos jeunes leaders
    • • Nos événements
    • • Nos publications
  • | Nos actualités
  • Polycrise 
    • 31/10 - Colloque au Sénat
  • | À propos 
    • • Notre mission
    • • Notre gouvernance
    • • Nos experts
    • • Nos partenaires
  • …  
    • | Accueil
    • | Nos activités 
      • • Nos jeunes leaders
      • • Nos événements
      • • Nos publications
    • | Nos actualités
    • Polycrise 
      • 31/10 - Colloque au Sénat
    • | À propos 
      • • Notre mission
      • • Notre gouvernance
      • • Nos experts
      • • Nos partenaires
Polycrise | Le colloque

« Décarboner : la volonté des citoyens et des investisseurs est là, le problème, c’est le passage à l’acte et la vision stratégique de l’Etat » indique Sylvain SOURISSEAU

· Polycrise,crise écologique

Économiste à l’ADEME, chargé de la transitionindustrielle, Sylvain Sourisseau éclaire un paradoxe stratégique majeur : alors que la volonté de décarbonation s’affirme dans les discours publics comme dans l’investissement privé, l’absence de pilotage cohérent bloque le passage à l’acte. Dépendances critiques, fragmentation territoriale, inertie productive et incertitudes énergétiques font de la transition énergétique industrielle un nœud géopolitique à part entière. Cette crise, à la fois matérielle, sociale et stratégique, fragilise la souveraineté européenne autant qu’elle révèle les limites d’un multilatéralisme économique fondé sur la seule compétitivité-prix. La bifurcation se joue dans la capacité à planifier : infrastructures, usages de l’électricité, règles du commerce, et construction d’un récit collectif. Refonder l’Europe, c’est faire de l’industrie bas carbone un levier d’inclusion et de puissance – ou accepter de la voir fragmentée, dépendante et socialement exposée.

Section image

Comment évaluez-vous la maturité des filières industrielles bas carbone (énergies, bâtiment, mobilité, agroalimentaire…) ?

Le concept de filière industrielle bas-carbone est relativement vaste et celles concernant les secteurs de l’énergie ou des transports sont relativement bien identifiées (ex. énergies renouvelables, mobilité électrique…etc.). Au service industrie de l’Ademe, nous travaillons plus spécifiquement sur l’industrie bas-carbone, et notre prisme, c’est l’industrie qui se situe en amont des chaînes de valeurs, celle qui consomme beaucoup d’énergie, qui émet beaucoup de CO2 et dont la transition vers le bas-carbone est donc un véritable enjeu. En matière de périmètre, l’industrie diffuse (en aval des chaînes de valeur), comme l’automobile, n’émet pas beaucoup en phase de production. Concentrer les analyses sur une dizaine de filières permet de s’attaquer aux deux tiers des émissions de l’industrie. On parle des métaux (acier, aluminium), de la chimie (ammoniac et engrais azotés, chlore et éthylène pour la chimie des plastiques notamment), du sucre, du papier-carton et des matériaux non-métalliques comme le verre et le ciment.

Historiquement, l’incitation à décarboner était relativement faible en raison d’un prix du CO2 sur le marché EU ETS très bas. Les investissements étaient alors concentrés sur de l'efficacité énergétique dont la récupération de chaleur fatale, avec retour sur investissement à court terme. Autour de 2016–2017, le marché du carbone a évolué à plusieurs niveaux. Le prix du CO2 a commencé à monter, les quotas gratuits à baisser, de nouvelles ambitions climatiques ont été annoncées à horizon 2030 et le projet de création d’un Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières a été évoqué. Ces signaux ont poussé les industriels à identifier des voies de décarbonation. Toutes les filières soumises à l’ETS ont été concernées de manière équivalente.

Section image

Au niveau européen, les efforts de décarbonation ont jusqu’à présent surtout été portés par le secteur de l’énergie qui ne bénéficiait pas de quotas gratuits, à la différence d’une grande partie de l’industrie manufacturière.

Les efforts à fournir en matière de décarbonation sont hétérogènes selon les secteurs. Le passage à l’électrification peut par exemple se limiter au changement de four pour le secteur du verre, mais cela peut également concerner une complète refonte du procédé de production dans l’acier ou le ciment.

Si la hausse du prix du CO2 constitue bien un signal pour passer à l’action, il demeure néanmoins incomplet. L’écart de prix entre l’électricité et les combustibles fossiles, comme le gaz, est encore trop à l’avantage des fossiles, ce qui retarde le déploiement de certaines solutions. D’autres technologies ne sont tout simplement pas encore matures pour pouvoir être déployées à l’échelle industrielle. En effet, il ne faut pas seulement considérer l’exposition financière liée à la transition, mais aussi la vulnérabilité du secteur dans un contexte de concurrence exacerbée où certains pays bénéficient de prix de l’énergie plus attractifs, et de soutiens publics parfois très significatifs.

Si tous les secteurs de l’industrie grande consommatrice d’énergie sont concernés, la chimie et la métallurgie semblent particulièrement vulnérables. Pour mieux identifier l’exposition des secteurs industriels et donc mieux calibrer les éventuels dispositifs de politiques publiques, il est nécessaire de disposer de données suffisamment désagrégées. Or actuellement la nomenclature INSEE n’est pas assez fine pour distinguer au sein d’une branche les gros consommateurs d’énergie soumis à la concurrence internationale. Exemple : la sidérurgie mélange des centaines de PME avec ArcelorMittal. Il est donc difficile de dire quels secteurs sont « en retard », lesquels sont davantage exposés ou non… etc.

Quelles tendances lourdes ou signaux faibles faut-il surveiller (ex : relocalisation, inflation verte, tensions d’approvisionnement) ?

La pandémie du COVID et la hausse du prix du CO2 avaient déjà fragilisé l’industrie et nécessité une attention particulière. L’autre événement structurant est constitué par la crise du gaz suite à la guerre en Ukraine. Cet événement a mis en lumière la vulnérabilité de certaines filières avec un potentiel doublement du coût de production. Dans ce contexte, l’électrification devient plus attractive, encore faut-il que son prix soit davantage stable et prévisible à un horizon de moyen terme. Par ailleurs, on constate des effets rebond dans d’autres secteurs, comme par exemple pour l’ammoniac : 70 % de son coût de production dépend du gaz. On observe ainsi un retour des importations d’engrais azotés depuis la Russie.

Concernant les leviers activés, de nombreux secteurs industriels misaient ainsi initialement sur le CCS (carbone capture and storage). Devant les difficultés techniques (les technologies actuelles ne permettent pas de capter toutes les concentrations de CO2), les freins économiques et l’acceptabilité sociale (abandon de projets en Allemagne et aux Pays Bas suite à une opposition locale), les industriels s’orientent actuellement vers d’autres technologies. Les travaux prospectifs menés à l’Ademe ont aussi mis en avant l’indispensable déploiement d’autres leviers : efficacité énergétique, récupération de chaleur fatale, hydrogène, incorporation de matières premières de recyclage.

En parallèle, il est nécessaire de se projeter sur les évolutions de marché. Les besoins en matériaux de construction de demain seront par exemple complètement différents de ceux d’aujourd’hui. Les volumes de production pourraient également sensiblement baisser en supposant, par exemple, l’application du ZAN ou la fin des emballages plastiques à usage unique. Les industriels ont donc également tout intérêt à se projeter sur ces évolutions à horizon 2030, mais aussi 2050.

Quels futurs possibles imaginez-vous à horizon 5-10 ans pour la décarbonation de l’industrie française ?

La volonté de décarboner est là, autant portée par les citoyens que par les investisseurs. Le problème, c’est le passage à l’acte.

D’un côté, une vision stratégique claire de l’État en matière de politique industrielle et commerciale semble encore manquer (bien que cette dernière soit une compétence exclusive de l’Union européenne). On dit qu’il faut électrifier, mais dans le même temps on annonce un prix relatif de l’électricité par rapport au gaz, toujours aussi élevé. Sachant que les achats de combustibles fossiles participent grandement au creusement du déficit commercial, il y aurait donc un intérêt fort à poursuivre dans les alternatives aux fossiles. Le « sans regret » et à court terme se situe surtout du côté de l’efficacité énergétique et de la récupération de chaleur fatale, il faudrait aller beaucoup plus vite et plus loin sur ces deux leviers de décarbonation.

D’un autre côté, les stratégies d’investissements sont freinées par la situation à court terme et la concurrence extrêmement forte des concurrents américains et asiatiques. Ce contexte pousse certains acteurs industriels a une forme de surenchère pour bénéficier de toujours davantage de soutien public, quitte à mettre en concurrence les Etats européens entre eux. Les contreparties des soutiens sur le maintien de l’emploi ou l’atteinte des objectifs de décarbonation semblent donc également indispensables.

Section image

Quelles bifurcations ou points de bascule pourraient accélérer ou freiner cette transition ?

Une première bifurcation en faveur de la transition pourrait consister en un renforcement des barrières tarifaires et non tarifaires aux frontières de l’UE. Le MACF (marché carbone aux frontières) constitue un premier outil mais il reste centré sur quelques secteurs et vise uniquement les émissions de CO2 du scope 1. Dans nos travaux prospectifs, nous avons par exemple mis en avant la nécessité de conserver les déchets métalliques, principalement acier et aluminium, sur le territoire.

Section image

Une deuxième bifurcation pourrait consister à appliquer des critères de contenu carbone et de provenance de biens dans les marchés publics. Une modification de la fiscalité sur les énergies semble également un indispensable dans la marche vers la transition : alourdissement de la fiscalité sur le gaz et les autres fossiles pour alléger celle pesant sur l’électricité. Ça constituerait un signal fort et de long terme pour tous les acteurs industriels.

Concrètement, on ne peut pas non plus envisager et anticiper la transition sans évoquer le sujet des infrastructures. A titre d’exemple, certains scénarios prospectifs amènent une multiplication par 5 de la consommation d’électricité pour la production d’acier. Outre les changements de procédés que ça implique, il devient donc indispensable de réfléchir à l’adaptation du réseau, des raccordements et bien entendu de la production d’électricité.

Section image

Dans un monde interconnecté, les signaux envoyés par les pays tiers en matière de transition comptent beaucoup. Ils annoncent une tendance sur le cadre réglementaire/économique dans lequel vont évoluer les concurrents. La non prise en compte des externalités environnementales dans les coûts de production aux US ou en Chine crée mécaniquement une distorsion de concurrence. Si la réponse politique/économique apportée à ces signaux n’est pas à la hauteur des enjeux, cela a un effet de démobilisation pour la transition, pouvant s’illustrer par un désengagement des investissements bas carbone.

Quels liens voyez-vous entre industrie, dépendances géopolitiques, déséquilibres sociaux et transition énergétique ?

Les liens systémiques sont difficiles à intégrer sans se projeter à un horizon 2040, 2050, voire plus. C’est tout l’intérêt des exercices prospectifs que réalisent l’Ademe, negaWatt ou encore le Shift Project mais c’est aussi l’intérêt de la SNBC. Il y a forcément des limites dans ces exercices quand on se projette à des horizons de temps aussi lointains et certains sujets nécessitent également des compétences plus pointues. Les conséquences de l’activité économique sur la biodiversité sont par exemple difficiles à quantifier, à évaluer. La manière dont se comportent les pays tiers en termes de politique commerciale est déjà difficile à anticiper dans les 5 ans, alors à 10, 20 ou 30 ans c’est encore pire. Malgré toutes les limites inhérentes à la prospective, c’est un exercice indispensable d’analyse de risques et donc de préparation pour la résilience. En vue de la mise à jour des scénarios prospectifs de l’Ademe, nous travaillons avec France Stratégie sur les enjeux liés à l’eau, avec l’INRIA concernant le numérique, avec l’OFB concernant le sujet de la biodiversité, ou encore avec l’IRIS pour mieux prendre en compte la géopolitique dans nos scénarios. Ces différents partenariats visent à rassembler les expertises pour mieux apprécier les liens systémiques.

La culture industrielle française est-elle un frein ou un levier dans ce contexte ?

Il y a beaucoup d’inertie dans l’industrie lourde. Ce sont des structures anciennes, dans lesquelles la R&D est moins dynamique et le recrutement plus difficile. Il est plus compliqué d’attirer de jeunes ingénieurs dans la sidérurgie que dans la cosmétique ou la pharmacie.

Comment les institutions françaises et européennes devraient-elles évoluer pour piloter cette transformation ?

Le levier principal à l’échelle européenne, c’est la politique commerciale. Exemple : sur le recyclage de la ferraille, seule une décision européenne permettrait d’en interdire l’export. Mais cela se heurte à des visions différentes entre pays membres, selon leur orientation exportatrice ou non. Il y a un besoin d’harmonisation industrielle européenne.

Quels leviers vous semblent aujourd’hui insuffisamment mobilisés (fiscalité, commande publique, normes, conditionnalité des aides) ?

Outre le signal-prix, il faut travailler sur la commande publique. Elle pourrait conditionner les achats à des critères environnementaux, au lieu du seul critère prix. Par ailleurs, le MACF ne couvre que le différentiel lié au CO2. Il ne compense ni le coût du travail ni l’accès à une énergie moins chère (ex : États-Unis), ce qui crée des distorsions de concurrence.

Section image

Les termes du débat public sont-ils bien posés ? Comment mieux articuler compétitivité, décarbonation et justice sociale ?

Il y a un manque de récit collectif sur la transition industrielle. Beaucoup d’industries réfléchissent à des produits « premium bas carbone », plus chers, mais sans modèle économique clair derrière. On n’a pas encore intégré pleinement l’idée que cette transition est aussi un sujet d’équilibre social et territorial. La question de savoir à quoi doit servir notre industrie est aussi importante que celle de savoir si elle sera décarbonée et comment.

Les industries de base comme l’acier, le verre ou la chimie n’ont pas très bonne presse vis-à-vis des populations locales et ne sont pas très attractives pour les jeunes. Pourtant ces industries se modernisent et sont essentielles car à la base d’une quantité infinie de produits de consommation. A ce sujet, les territoires sont clés. À l’ADEME, les projets ZIBAC permettent de créer des scénarios locaux à horizon 2050 en réunissant élus, industriels et acteurs locaux. C’est cette échelle-là qui permet de rendre les stratégies opérationnelles et projeter les acteurs d’un territoire vers un horizon 2030 et 2050.

Quelles logiques anciennes structurent encore nos politiques industrielles (productivisme, croissance, compétitivité-prix) ?

La logique de productivisme reste dominante. On parle d’acier bas carbone, d’ammoniac bas carbone, mais les réflexions économiques restent classiques. Il y a peu de projections sur la demande réelle à long terme et sur la manière dont les modèles économiques pourraient se transformer. Ce sont des réflexions nécessaires à avoir secteur par secteur. L’économie de la fonctionnalité est peut-être pertinente pour celui de la fabrication des pneus mais elle l’est moins pour la production de ciment.

Et puis surtout, la propension à se projeter vers de nouveaux modèles plus vertueux et résilients à long terme implique d’être moins «sous pression» à court terme, comme c’est le cas pour bon nombre de secteurs industriels avec l’exacerbation de la concurrence.

Trouver une stratégie qui décarbone et qui soit rentable en 2030 peut s’avérer inutile si d’ici là le site ferme. Ceci est particulièrement vrai pour les industries de base ne disposant pas d’une grande agilité quant à leur gestion de capacités de production.

Quelles innovations institutionnelles ou budgétaires faudrait-il envisager ? À quel niveau de rupture cela nous conduit-il ?

Il faut construire une vision à 2050, en se demandant à quoi sert l’industrie, ce qu’elle apporte en termes de cohésion, d’inclusion. L’ADEME travaille à renforcer le volet industriel de ses récits de transition 2050 avec un collège d’experts. Ce travail doit dépasser la seule logique de production et s’inscrire dans une réflexion globale sur la soutenabilité.

Comment bâtir un récit collectif autour d’une transition industrielle qui soit mobilisateur et soutenable ?

C’est précisément l’objet de ce travail. L’idée est de produire un récit qui articule les dimensions industrielles, sociales, territoriales, et écologiques. L’idée est également de montrer que cette industrie soutenable peut être un moteur de la cohésion nationale.

Quelle recommandation prioritaire formuleriez-vous pour accélérer la transition industrielle tout en assurant cohésion et performance ?

Mettre en cohérence planification, stratégie industrielle et instruments européens. Identifier les bons leviers pour renforcer la compétitivité bas carbone. Assurer une répartition claire des usages de l’électricité à venir. Et construire un récit de l’industrie comme acteur de la résilience et de la cohésion, pas seulement comme producteur de biens.

Billet précédent
« Je réfute l’idée d’un rejet de la transition : quand on...
Billet suivant
« Alors que nous devons réduire la consommation pour r...
 Revenir au site
Photo de profil
Annuler
Utilisation des cookies
Nous utilisons des cookies pour améliorer l'expérience de navigation, la sécurité et la collecte de données. En acceptant, vous consentez à l'utilisation de cookies à des fins publicitaires et d'analyse. Vous pouvez modifier vos paramètres de cookies à tout moment. En savoir plus
Accepter tout
Paramètres
Refuser Tout
Paramètres des Cookies
Cookies nécessaires
Ces cookies sont destinés pour des fonctionnalités de base telles que la sécurité, la gestion du réseau et l'accessibilité. Ces cookies ne peuvent pas être désactivés.
Cookies pour les statistiques
Ces cookies nous aident à mieux comprendre comment les visiteurs interagissent avec notre site web et nous aident à découvrir les erreurs de navigation.
Préférence pour les Cookies
Ces cookies permettent au site web de se souvenir des choix que vous avez faits afin de fournir une fonctionnalité et une personnalisation améliorées.
Enregistrer