En amont du prochain sommet du G20, qui se tient en ce moment à Brisbane (Australie), 120 jeunes des pays membres du plus important forum économique mondial se sont réunis cet été à Sydney pour faire entendre la voix de la jeunesse. Mais le chemin semble encore long pour que celle-ci soit pleinement prise en compte !
Les trois thèmes retenus cette année par la présidence australienne du G20 étaient : croissance et emploi, avec une attention particulière accordée au chômage des jeunes ; citoyenneté globale, en se focalisant sur la mobilité internationale ; et enfin le fameux développement durable, censé garantir aux générations futures un avenir que le présent n'étouffera pas.
Après trois mois de négociations en ligne avec les autres délégations, le sommet du « Youth20 » a permis la rédaction d'une déclaration commune, qui sera remise aux chefs d'Etats du G20, avec pour impératif que nos recommandations soient intégrées à leurs travaux officiels. Le constat est indéniablement positif : les générations se parlent ! Parmi ce que j'ai défendu pour les jeunes de France, voici quelques-unes des recommandations phares...
Garantir à tous un accès neutre et ouvert à internet
Les discussions sur la citoyenneté globale devaient se cantonner aux sujets habituellement rattachés au portefeuille si large du ministre «de la jeunesse, du sport et de la vie associative». Le Youth20 a essayé d'adopter une approche plus politique. Nous avons raisonné sur le seul bien public mondial qui donne aujourd'hui un sens fort à cette expression quasi-galvaudée de « citoyenneté mondiale » : Internet.
Une fois n'est pas coutume, la France et le Royaume-Uni ont travaillé de concert pour qu'un accès ouvert, libre et neutre à internet soit garanti à tous. Il a fallu déployé des trésors d'ingéniosité diplomatique pour mobiliser toutes les délégations européennes afin de convaincre les pays émergents que nous n'étions pas en train de priver les dictatures de leur capacité de censure (sic !), mais que cette position obligerait les fournisseurs d'accès à internet (FAI) à garantir à tous un accès sans restriction de débit à toutes les données et les contenus publiés sur le web. À nouveau, il faut voir loin : si la difficulté ne se pose pas à tous les peuples du G20 ou ailleurs, le risque est bien de voir naître, à moyen terme, un réseau régi exclusivement par l'intérêt des fournisseurs d'accès au web.
Consolider l'accès à l'éducation et à la formation en ligne
Il est par ailleurs difficile d'évoquer l'emploi des jeunes et le développement durable sans s'intéresser au potentiel énorme que possède Internet pour le développement des qualifications des travailleurs et l'amélioration des politiques publiques et en particulier celles qui sont dédiées à l'emploi. Un monde « 2.0 » n'est pas qu'un monde d'hyper-connectés, mais bien un monde où l'on peut espérer de travailler mieux et plus, sans pour autant altérer la Terre que nous empruntons à nos enfants.
C'est d'ailleurs pourquoi le G20 se doit d'être à la pointe de la démocratisation de l'éducation et de la formation par le web ! En facilitant l'accès à la formation et à l'éducation, Internet offre des avantages incomparables pour permettre au plus grand nombre d'acquérir davantage de connaissances et de compétences spécialisées, et donc d'entrer plus vite et plus durablement sur le marché de l'emploi. Soutenue à l'unanimité par tous les pays du Groupe, développés ou émergents, la France a donc plaidé pour accroître le financement public et privé des plateformes de e-learning et des fameux MOOCs (Massive Open Online Courses), afin que ces programmes puissent répondre aux besoins locaux du marché de l'emploi.
Dans la continuité du lancement du eG8 par la France en 2011, une percée du G20 sur Internet ne ferait donc de mal ni à la démocratie, ni à l'emploi. À l'heure de la #Twidiplomacy, notre génération a hâte d'avoir des dirigeants encore plus connectés !
Sarah Dali est membre de la délégation française au Youth20. Le « Youth20 » est le sommet officiel par lequel les dirigeants du G20 consultent les jeunes du monde entier. Il a été initié par l'institut Open Diplomacy (ex « Youth Diplomacy) en France en 2011 qui, depuis, recrute et forme les délégués français pour le compte du ministère des Affaires étrangères et du Développement international.
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