Fin janvier, l’Institut Open Diplomacy accueillait près de 300 candidats lors du Forum Devenir Délégué, base de recrutement pour les Y7 et Y20. Des diplomates ont été invités à partager avec eux leur expérience. Thématique incontournable de l’année 2020, la question de la biodiversité était au rendez-vous. Ces échanges préparent le Congrès Mondial de la Nature. Accueilli à Marseille en juin, il fera une place importante aux “générations futures”.
30 ans après la naissance du concept, on entre dans l’année de la biodiversité
Si on évoque 2020 comme « l’année de la biodiversité », cela n’est pas parce que celle-ci a débuté avec les feux de forêt ravageurs en Australie. Certes ces derniers ont coûté la vie de millions d’animaux, menaçant ainsi la survie-même d’espèces entières. Cette catastrophe illustre l’urgence de la situation et le lien très étroit entre le réchauffement climatique et la préservation de la nature.
Mais le terme même de “biodiversité” est apparu dans les années 1980 aux Etats-Unis. On entend par celui-ci, la diversité des espèces vivantes sur Terre. Plus que de se limiter à un inventaire des animaux ou des plantes, on s’intéresse aux génomes et aux interactions entre les espèces, adoptant alors une approche plus systémique. La place et le rôle que l’Humain doit adopter reste encore discutée mais il est incontesté que les enjeux sont capitaux pour les générations futures.
Le concept est entré dans le langage diplomatique avec le sommet de la Terre organisé par l’ONU à Rio de Janeiro en 1992. Conscients de la pression indéniable de l’action humaine sur la Biodiversité, 196 Etats ont dès lors adopté la Convention sur la Diversité Biologique (CDB).
Aujourd’hui, nous entrons dans « l’année de la biodiversité », en raison des échéances diplomatiques qui nous attendent. Dans les suites du sommet de Rio, un « Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 », aussi appelé « Objectifs d’Aichi », a été mis en place. Arrivant à son terme, de nouveaux objectifs doivent être fixés cette année.
Parmi les dates à retenir, nous notons la 15e conférence des parties de la Convention sur la Diversité Biologique, la COP15 - CDB, qui aura lieu en octobre à Kunming ; et le Congrès mondial de la Nature organisé par l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) en juin à Marseille.
Deux étapes importantes en 2020 : Marseille et Kunming
L’UICN a été créée en 1948 avec le souci d’allier conservation de la nature avec le développement humain. En chiffres, l’UICN c’est 1 300 membres comprenant des Etats, agences gouvernementales, ONG, groupes autochtones, agences de développement économique, associations d’entreprises, institutions universitaires et scientifiques. C’est aussi un réseau de 15 000 experts, des bureaux dans 50 pays et des réunions de sa communauté tous les 4 ans. Point central de discussion, l’UICN possède un caractère unique comme lieu de rencontre entre les milieux scientifique, politique et civil, et exerce un lobby important lors des sommets mondiaux ou régionaux.
Une des difficultés majeures des travaux sur la biodiversité, c’est la complexité du vocabulaire utilisé pour traiter le sujet. A l’heure actuelle, le sujet est souvent abordé sous un angle avant tout technique et scientifique, ce qui le rend très difficile à appréhender. S’érigeant en véritable laboratoire, la plateforme UICN permet aux partenaires de développer un nouveau lexique politique qui sera repris ensuite dans les négociations.
C’est aussi à l’UICN que l’on identifie les thématiques émergentes et que l’on examine les problèmes à venir. Les membres de l’UICN adoptent des motions - qui sans de valeur juridique contraignante - servent à nourrir les traités et conventions, comme c’était notamment le cas au sommet de Rio pour la Convention sur la Diversité Biologique.
Le prochain Congrès Mondial de la Nature aura lieu cet été à Marseille. Il sera sans aucun doute important pour les engagements futurs de COP15-CBD à Kunming. À cette occasion, deux motions devront être discutées visant à inciter les Etats membres à adopter une législation pour donner plus de voix aux jeunes générations. Il s’agit d’inclure l’engagement des jeunes dans le processus décisionnel sur les questions environnementales, et d’inciter la création d’un défenseur des générations futures aux niveaux national, régional et local.
Tout le monde peut agir pour la biodiversité
En amont de la COP 15, l’UICN organise cette année le Congrès Mondial de la Nature du 11 au 19 juin à Marseille, réunissant représentations étatiques, membres de la société civile, experts, autochtones, acteurs privés. En accueillant cet événement majeur, la France souhaite renforcer sa position sur la scène internationale.
À l’image de la COP 21 sur le climat en 2015, des Espaces Générations Nature seront ouverts en parallèle des pavillons du Congrès de l’UICN. Ce village ne constituera pas seulement une vitrine de la société civile française (on compte aujourd’hui 5 fois plus d’ONG mobilisées pour le climat qu’en 1994), mais il répond aussi à un souci de transparence et un désir de rapprocher davantage les ONG et les citoyens à l’évènement.
Manifestement, agir pour préserver la biodiversité, s’inscrit à ce jour dans une transition écologique globale. Celle-ci va forcément avoir un impact social, puisqu’elle nécessite un changement en profondeur de nos modes de vie et consommation.
Ouvert au public du 12 au 19 juin, le village de la société civile, appelle toutes les générations à s’impliquer pour la biodiversité. Terrain de sensibilisation où plus de 200 ONG seront présentes, différents parcours accessibles à tout âge y seront établis, dépassant le cadre simple de l’exposition. Un temps pour chacun d’expérimenter la nature, tout en prenant conscience de l’interdépendance entre l’Humain et les autres espèces vivantes. Un objectif simple : faire évoluer et changer les comportements individuels.
Initiative pour l’instant sous l’égide de l’Etat français, la volonté existe de systématiser l’organisation de ces espaces avec une prise en charge par l’UICN lors de leurs futurs congrès. À nos jeunes délégués d’y trouver aussi leur place.